Trouble du développement des sons de la parole

Difficultés d'origine articulatoire/Difficultés d'origine phonologique

Difficultés d'origine articulatoire
 

L’enfant a de la difficulté à produire correctement, d’un point de vue moteur, un ou plusieurs des sons de sa langue maternelle, alors qu’à son âge il devrait typiquement en être capable. Un trouble articulatoire est caractérisé par des substitutions, des omissions, des additions ou des distorsions de sons. Un exemple serait un enfant de sept ans qui produit le son /s/ en projetant sa langue entre ses dents (sigmatisme interdental).     
 

Difficultés d'ordre phonologique
 

L’enfant  a de la difficulté à apprendre et à organiser les sons de sa langue maternelle. Sa parole peut être caractérisée par des patrons d’erreurs qui ne sont plus appropriés étant donné son âge. Un exemple serait un enfant de cinq ans qui substitue les sons /k/ et /g/ par les sons /t/ et /d/, respectivement (p. ex. « cou » est prononcé « tou » et « gomme » est prononcé « domme »).
 

«Les difficultés articulatoires et les difficultés phonologiques peuvent coexister, c’est-à-dire qu’ils peuvent se manifester chez un seul enfant en même temps.»

 

Comment savoir si le développement phonétique (répertoire de sons) et le développement phonologique (patrons d'erreurs) de mon enfant est approprié? 
 

 Voici quelques lignes directrices (tirées de Bowen, 1998) portant sur l’intelligibilité de la parole des enfants :

  • À 18 mois, la parole d’un enfant devrait être intelligible environ 25% du temps par ses parents
  • À 24 mois, la parole d’un enfant devrait être intelligible environ 50-75% du temps par ses parents
  • À 36 mois, la parole d’un enfant devrait être intelligible environ 75-100% du temps par ses parents
Comment pouvons-nous vous aider?
  • En évaluant la parole de l’individu, c’est-à-dire, en analysant les types d’erreurs présentes (p.ex. omissions, distorsions, substitutions) lors d’un test d’articulation et en identifiant les patrons d’erreurs présents en conversation spontanée, le cas échéant.
  • En examinant la structure et le fonctionnement des organes de la parole.
  • En évaluant tout autre domaine jugé pertinent (p.ex. la déglutition, la planification/programmation motrice de la parole, etc.).
  • En ciblant des objectifs d’intervention qui sont réalisables et fonctionnels et qui tiennent compte des forces, des faiblesses et des besoins de l’individu.
  • En offrant à l’individu ou à ses parents des stratégies (p.ex. indices multi-sensoriels) et des exercices pour stimuler la production correcte des sons cibles, dans les contextes appropriés.
  • En créant une atmosphère chaleureuse, motivante et encourageante afin de maximiser la participation  et l’engagement de l’individu.
Si vous avez de grandes difficultés à comprendre votre enfant ou si vous êtes inquiets quant au développement de son langage ou de sa parole, une consultation en orthophonie pourrait être indiquée. 
 
Difficultés de planification verbale motrice (dyspraxie verbale)


Définition de la dyspraxie verbale (childhood apraxia of speech) selon le American Speech-Language-Hearing Association (ASHA) Ad Hoc Committee on Childhood Apraxia of Speech (2007) (traduction libre) :

  • La dyspraxie verbale est un trouble neurologique portant atteinte à la précision et à la constance des mouvements sous-jacents à la parole, en absence de déficits neuromusculaires (p. ex. réflexes anormaux, tonus anormal). 
  • Étant donné les difficultés à planifier ou à programmer les paramètres spatiotemporels des séquences de mouvement, la parole comprend des erreurs au niveau de la production des sons et au niveau de la prosodie.

La dyspraxie verbale chez l’enfant peut :

  • résulter d’une atteinte neurologique connue (p.ex. un traumatisme, une infection)
  • se présenter en association avec un trouble neurocomportemental complexe d’origine connue ou inconnue (p.ex. un trouble génétique ou métabolique), ou
  • se manifester sous forme d’un trouble idiopathique et neurogénique des sons de la parole.
Caractéristiques
 

Il n’existe pas présentement de consensus dans le domaine de l’orthophonie quant aux caractéristiques qui définissent la dyspraxie verbale (Forrest, K., 2003). Des recherches plus poussées sont requises afin de déterminer quels marqueurs permettent à la fois d’inclure tous les enfants présentant une dyspraxie verbale et d’écarter ceux qui présentent d’autres difficultés des sons de la parole qui s’apparentent à la dyspraxie verbale. Les caractéristiques de la dyspraxie verbale les plus reportées par les orthophonistes seraient les suivantes (Forrest, K., 2003) :

  • lorsque l’enfant répète une syllabe ou un mot, les productions varient d’une répétition à l’autre
  • la production d’un son donné varie selon le contexte
  • la production d’un son est différente en isolé versus en conversation

La dyspraxie verbale est également parfois associée aux caractéristiques suivantes :

  • productions inconstantes
  • difficultés oromotrices  générales
  • tâtonnements visibles pour le positionnement articulatoire
  • incapacité à imiter des sons
  • les difficultés augmentent selon la longueur des énoncés
  • une pauvre habileté à séquencer les sons
  • répertoire phonétique limité
  • erreurs vocaliques fréquentes et distorsions vocaliques
  • difficultés à produire volontairement des mouvements oraux qui ne traitent pas de la parole (apraxie orale)
  • l’intelligibilité de la parole est limitée
  • atteinte à la prosodie de la parole (débit lent, voix monotone, durée trop longue ou trop courte de sons et de pauses)
  • plus de difficulté à produire correctement des énoncés spontanés que des énoncés pratiqués, automatiques, ou qui ont été présentés sous forme de modèle
Comment pouvons-nous vous aider?
  • En évaluant la parole de l’individu, c’est-à-dire, en analysant les types d’erreurs observées (p.ex. omissions, distorsions, substitutions) lors d’un test d’articulation et en conversation spontanée.
  • En examinant la structure et le fonctionnement des organes de la parole.
  • En observant quel est l’effet d’une longueur d’énoncé croissante sur l’exactitude des production.
  • En notant les différences entre des productions imitées et des productions spontanées.
  • En évaluant tout autre domaine jugé pertinent (p.ex. la déglutition, la production volontaire de mouvements oraux, etc.).
  • En ciblant des objectifs d’intervention qui sont réalisables et fonctionnels et qui tiennent compte des forces, des faiblesses et des besoins de l’individu.
  • En offrant à l’individu ou à ses parents des stratégies (p.ex. indices multi-sensoriels) et des exercices pour travailler les séquences de sons et en augmentant graduellement la complexité des structures syllabiques.
  • En visant une communication fonctionnelle (p.ex. établir un vocabulaire fonctionnel à l’aide de la méthode d’approximations successives et éventuellement, introduire des phrases porteuses).
  • En créant une atmosphère chaleureuse, motivante et encourageante afin de maximiser la participation  et l’engagement de l’individu.


Si vous avez de grandes difficultés à comprendre votre enfant ou si vous êtes inquiets quant au développement de son langage ou de sa parole, une consultation en orthophonie pourrait être indiquée. 
  

Références

American Speech-Language Hearing Association. (2007). Childhood Apraxia of Speech. [Position Statement]. Available from www.asha.org/policy.

American Speech-Language Hearing Association. (2007). Childhood Apraxia of Speech. [Technical Report]. Available from www.asha.org/policy.

BOWEN, C. (1998). Typical Speech Development: The Gradual Acquisition of the Speech Sound System. Tiré de www.speech-language-therapy.com/acquisition.html le 18 septembre 2009.

BOWEN, C. (2002). The Difference Between an Articulation Disorder and a Phonological Disorder. Tiré de www.speech-language-therapy.com/phonetic_phonemic.htm le 18 septembre 2009.

FORREST, K. (2003). Diagnostic Criteria of Developmental Apraxia of Speech Used by Clinical Speech-Language Pathologists, American Journal of Speech-Language Pathology, 12(3), p. 376-380.

SCHELSTRAETE, M.A., MAILLART, C., JAMART, A.C. (2004). Les troubles phonologiques: cadre théorique, diagnostic et traitement. Paru dans M.A. Schelstraete & M.P. Noel (Eds). Les troubles du langage et du calcul chez l’enfant. Éditions EME. Intercommunication. 2004. pp. 81-112.

STRODE, R. M., CHAMBERLAIN, C.E. (2006). The Source for Childhood Apraxia of Speech, LinguiSystems, Inc.

www.asha.org

www.aqeta.qc.ca

www.apraxia-kids.org